Ouverture…


« L’épiphanie, c’est le moment où la réalité de la chose vous envahit comme une révélation »
James Joyce, Stephen le Héros, (1944)



Moïse – Michel-Ange


« … les œuvres d’art font sur moi une impression forte, en particulier les œuvres littéraires et les œuvres plastiques, plus rarement les tableaux. J’ai été ainsi amené, dans des occasions favorables, à en contempler longuement pour les comprendre à ma manière, c’est-à-dire saisir par où elles produisent de l’effet. Lorsque je ne puis pas faire ainsi, par exemple pour la musique, je suis presque incapable d’en jouir. Une disposition rationaliste ou peut être analytique lutte en moi contre l’émotion quand je ne puis savoir pourquoi je suis ému, ni ce qui m’étreint. J’ai été, par là, rendu attentif à ce fait d’allure paradoxale : ce sont justement quelques-unes des plus grandioses et des plus imposantes œuvres d’art qui restent obscures à notre entendement. On les admire, on se sent dominé par elles, mais on ne saurait dire ce qu’elles représentent pour nous. Je n’ai pas assez de lecture pour savoir si cela fut déjà remarqué ; quelque esthéticien n’aurait-il pas même considéré un tel désemparement de notre intelligence comme étant une condition nécessaire des plus grands effets que puisse produire une œuvre d’art ? Cependant j’aurais peine à croire à une condition pareille »
Sigmund Freud, Le Moïse de Michel-Ange, (1914)